Banner
Home BLACK MOVIE STARS Van Peebles (Melvin) - interview

WE DIG THIS !!!

roma l'altra faccia della violenza la banda vallanzasca.jpg
dramatic funk themes vol 3.jpg
stridulum.jpg

BLAX' QUEENS

carol speed.jpg
YOUR FAVORITE SISTA ? (OTHER THAN PAM)
 

MEAN BROTHERS

raymond st jacques.jpg
YOUR FAVORITE BRO' ?
 

JET ON THE SET

jet 4-20-72.jpg
Van Peebles (Melvin) - interview
SWEET SWEETBACK'S BADASSSSS SONG

 

Interview exclusive avec le père du cinéma noir américain, menée par Marion Oddon et Foxy Bronx.


Marion Oddon + Foxy Bronx - Melvin Van Peebles, pour commencer parlez-nous de votre parcours si particulier. Est-ce un choix de vie ou des impulsions liées aux circonstances de votre existence ?

Melvin Van Peebles
- C’est un peu moitié moitié. Quand j’étais au lycée j’étais assez fortiche dans les arts plastiques, j’ai eu une bourse comme peintre et sculpteur. Et puis je suis allé à l’université mais je n’avais pas assez de fric, même avec cette bourse, pour pouvoir vivre. Un jour quelqu’un m’a dit essaye ça, ils te payent pour prendre des cours. Ah ben c’est formidable ça ! Donc j’ai pris ça et puis à la fin, quand j’ai terminé l’université, c’était en 1953, j’ai acheté un billet avec toutes mes économies pour pouvoir aller en Europe. Mais avant de partir j’ai reçu une lettre qui disait : ah non monsieur vous êtes à nous. Par ce que les gens qui m’avaient payé l’université c’était les militaires mais je ne savais pas ce que cela voulait dire... J’ai été enrôlé comme officier dans l’aviation et pendant des années j’étais comme... Tu as vu ce film Dr Strangelove ? Et bien moi je faisais ça, avec une bombe atomique je me baladais partout dans le monde, et puis à un moment donné j’ai quitté ça. J’habitais à Mexico et j’ai été obligé de partir... Tous les autres, mes copains de l’armée avaient trouvé du travail dans des compagnies civiles comme la TWA, mais à ce moment là c’était interdit au noir. Malgré le fait que j’étais haut gradé, la couleur de ma peau m’a obligé, on peut le dire, à faire des boulots manuels. Le meilleure endroit que j’avais vu jusqu’à maintenant c’était San Francisco, j’y suis donc allé pour trouver un boulot.


M.O. + F.B.
- Vous avez été conducteur de tramway là-bas...

M.V.P.
- Oui, c’est un boulot très dur, très physique, mais ça m’a intéressé. Les touristes cherchaient tous à acheter un souvenir du tramway mais il n’y en avait pas, alors je me suis dit peut être que je peux le faire. J’ai écrit un petit livre de photos sur une journée de la vie de quelqu’un qui conduit un tramway et ça s’est vendu énormément. Un jour quelqu’un est monté dans mon “cable car” et il m’a dit : ah c’est formidable ! Qui est le vrai auteur ? Mon vrai nom c’est Melvin Van Peebles, tu ne pense pas... Un noir comme moi avec ce nom là ! Mais pourtant c’est bien mon nom. Le type me disait non non, je veux voir le vrai Melvin Van Peebles... Monsieur j’ai vu votre livre, c’est vraiment comme un film, vous devriez faire du cinéma. Oui c’est comme ça que je suis rentré dans le cinéma.

 

MELVIN VAN PEEBLES

M.O. + F.B. - J’ai lu quelque part qu’on avait projeté vos premiers films à la cinémathèque ?


M.V.P.
- C’est à dire qu’une fois que j’ai commencé à faire des courts métrages je suis allé à Hollywood et ils m’ont dit : ah non monsieur, c’est dommage, tu n’as pas les capacités, gna gna gna... J’étais découragé, je suis parti en Hollande pour mon autre chouchou, c’est à dire les mathématiques et l’astronomie. C’était très compliqué mais le meilleur endroit pour faire ces études-là c’était en Hollande, donc je suis parti là-bas. Un jour j’ai reçu une petite carte postale de la cinémathèque qui disait : on a vu par un hasard énorme tes courts métrages, c’est génial gna gna gna... Il faut que tu viennes en France. J’avais le coeur brisé quand j’ai fait mes premiers films, on m’avait dit que c’était de la merde mais ça n’en était pas... A vrai dire un noir ne peut pas rentrer dans les syndicats et tout ça... C’est pour cela que j’avais décidé de me consacrer à mon deuxième amour qui est donc l’astronomie. Et puis là, soudainement la Cinémathèque Française me disait que mes films étaient bien... Je suis venu ici en auto-stop et à ce moment là ils ont été très chaleureux, ils m’ont emmené sur les Champs Elysées. Dans une salle de cinéma privé ils ont projeté mes films et ils ont dit oh c’est génial ! Et tout le monde m’a donné un bisou. Après ils sont partis et moi j’étais là au milieu des Champs Elysées avec les joues mouillées et c’était tout. Je ne parlais pas un mot de français, je n’avais pas un rond. C’est comme ça que je me suis retrouvé en France... J’ai fait le mendiant pendant des années, j’étais devenu cloch’ et c’est pour cette raison que je parle le parigot, je ne parle pas le français. Ce sont les cloches’ qui m’ont appris le langage, au fur et à mesure je commençais à répondre et puis après ça j’ai commençé à lire mais ça n’était pas l’université ou quelque chose comme ça. C’est comme ça que ça c’est passé...


M.O. + F.B. - Comment êtes-vous arrivé chez Hara-Kiri ?

M.V.P. - Un jour je marchais dans la rue, je m’en souviens comme si c’était hier, j’étais au métro Alésia et je passais devant le restaurant Les Oeillets quand me suis dis “oh moi je ne crois pas à ça”. J’étais tout seul alors je me suis répondu “tu ne crois pas à quoi ?” J’avais lu les gros titres d’un journal. En fait je ne savais pas que je pouvait lire le français mais petit à petit, d’une façon, je ne sais pas comment, j’ai commencé à apprendre le français. Et donc ça parlait d’un meurtre, quelqu’un avait été tué à Evreux mais il y avait quelque chose de louche dans l’explication. Je ne me suis pas dégonflé, ça n’est pas mon rayon ça, j’ai téléphoné au journal France Observateur (ndlr. qui deviendra par la suite Le Nouvel Observateur) qui m’a payé le voyage pour aller faire une enquête. C’est un peu un conte de fée mais c’était au mois d’août et tous les autres journalistes étaient en vacances. Si ça avait été le mois d’avant ou le mois d’après, ils auraient envoyé quelqu’un d’autre mais comme ils n’avaient personne sous la main ils m’ont envoyé. J’ai eu de la chance. Donc j’ai mené mon enquête et j’ai démontré que c’était louche ce qui avait été écrit dans le journal. Je suis rentré, j’ai dicté ma copie car je faisais trop de fautes de français. Je commençais à parler mais ne parlons pas d’écrire... Le type du journal est entré, il a pris le papier et il a crié arrête la presse on a un scoop ! C’est comme ça que je suis devenu Monsieur Melvin Van Peebles. Après ça a bien marché, les gens me disaient hey Melvin comment tu vas ? Faut qu’on parle et gna gna gna gna gna... C’est comme ça...


M.O. + F.B. - Votre premier long métrage, La Permission, c’est lié à tout cela ?

M.V.P. - Oui et non... C’était des années avant tout ça. Une fois que j’ai eu mon scoop, comme dans les mauvais films américains, le jour d’après mon nom était partout dans Paris : notre envoyé spécial a découvert que bla bla bla bla bla... Je suis descendu de chez moi, j’ai emprunté du fric pour acheter le journal et j’ai découvert à la une mon nom sur tout la page... Non non non, je ne marche pas ! J’ai été obligé d’en acheter un autre, c’était la même chose, je ne pouvais pas y croire, c’était mon article là en première de couverture. Et puis après ça j’ai commencé le travail avec eux et un jour ils m’ont dit : écoutez il ne se passe pas grand chose, allez donc faire cet entretien avec le type qui a gagné le prix sur les livres de la série noire. J’y suis allé, j’ai frappé à la porte, un type est venu, il parlait mal le français : va t’en, va t’en, I am waiting for a reporter. C’était Chester Himes...


M.O. + F.B. - Que vous avez adapté en bande dessinée par la suite...

M.V.P. - Oui, à un moment donné on est devenu des potes, on a commencé à causer. Et puis il m’a dit : il y a un journal qui m’a contacté, peut être que ça peut t’intéresser. Moi je ne parle pas le français mais toi il faudrait peut être que tu ailles les voir. C’était Hara-Kiri. C’est comme ça que j’ai commencé là-bas, à la troisième édition d'Hara-Kiri, on était huit. A un moment donné on a décidé de faire cette adaptation du livre de Chester Himes, La Reine Des Pommes en bande dessinée. C’est moi qui a écrit les textes et c’est Wolinski qui a fait les dessins. C’est comme ça...


M.O. + F.B. - Pour pouvoir tourner votre premier long métrage, La Permission, vous avez du écrire des livres ?

M.V.P. - Oui, à ce moment là il y avait une loi qui stipulait qu’un écrivain français avait le droit d’avoir une carte de réalisateur provisoire pour pouvoir adapter ses propres oeuvres à l’écran. Donc j’ai eu l’idée de commencer à publier des romans français. Et puis je suis allé au salon du cinéma : je veux ma carte, comment je fais pour avoir ma carte de réalisateur ? C’est la loi que tu connais bien sur monsieur, j’écris des livres en français donc je suis un écrivain français n’est ce pas ? Là bas le mec m’a regardé, le regard le plus long de toute ma vie et il m’a dit d’accord. C’est comme ça que j’ai obtenu une carte de réalisateur français.


LA PERMISSION

M.O. + F.B. - Donc pour La Permission vous étiez complètement libre, personne ne vous a influencé ?


M.V.P.
- Complètement libre oui.


M.O. + F.B. - Mais vous aviez des subventions françaises ?

M.V.P. - Après oui... Ecoutez, je suis né dans la nuit, mais pas dans la nuit d’hier, donc j’ai écrit un film qui était assez bon mais qui flattait aussi le français.


M.O. + F.B. - Oui très flatteur, il y a une vision très positive...

M.V.P. - Ben alors... C’est à eux que je demandais le fric, j’allais leur cracher dans la gueule ? Je ne suis pas si con à ce point-là...


M.O. + F.B. - Après vous avez décidé de rentrer aux Etats Unis ?

M.V.P. - Je n’ai pas décidé. C’est à dire que j’ai fais un film ici et les autres m’ont demandé de faire un film là-bas. Les américains se sentaient très gênés que je sois le seul cinéaste noir-américain français par ce qu’à cette époque-là on parlait d’intégration et tout ça... Mais Hollywood a dit à Washington : tu comprends c’est très compliqué, un jour peut être, dans une vingtaine d’années, on peut mettre un noir là... là... là... Et bien moi j’étais là, donc ça c’était gênant. Ils voulaient que je dise d’accord je fais un film et comme ça ils auraient pu dire tu vois on a notre noir. Donc pour ne pas être leur noir j’ai refusé de le faire, et pourtant j’étais en train de dormir sur une banquette dans la rue encore une fois. J’ai dit non par ce que je pensais que ça allait forcer Hollywood à prendre des gens de couleur. Le seul réalisateur noir-américain ne pouvait pas être français. Mon calcul, ça a bien marché... A ce moment-là ils ont commencé à découvrir Ossie Davis et Gordon Parks. C’est comme ça... C’est à cause de moi que tout a commencé... Avec ces deux-là j’ai dit bon O.K., d’accord, je suis prêt à faire un film pour vous les amerloques, à la seule condition que je ne tourne pas ça dans un patelin quelque part. On tourne à Hollywood. Ils ont dit d’accord et ça a donné Watermelon Man.


M.O. + F.B. - Sur Watermelon Man les producteurs voulaient que le cauchemard s’arrête à la fin du film, donc dans leur idéal le héros aurait du redevenir blanc ?

M.V.P. - Oui et en plus de tout ça, le pire c’est qu’ils voulaient Alan Arkin, Jack Lemmon ou une autre vedette blanche pour tenir le rôle principal. J’ai lu le script qu’ils m’ont donné... Hey regardez, vous m’avez donné le mauvais script, vous vous êtes trompé, le mec est noir. Ils m’ont répondu oui mais au commencement... Ah non, non, non ! Dans tout le film il n’est blanc que cinq minutes. Voilà j’ai une idée, on peint le noir en blanc. Heu ? mais ça... C’est possible ? Un blanc peut jouer un noir mais un noir dans la peau d’un blanc ?


M.O. + F.B. - Donc au final c’est vous qui leur avez imposé Godfrey Campbridge pour tenir le rôle principal ?

M.V.P. - Oui oui, et ça a bien marché...

WATERMELON MAN

M.O. + F.B. - Ce qui vous a permis d’enchaîner sur Sweet Sweetback’s Baadasssss Song, votre film le plus engagé.

M.V.P. - Oui, mais n’oubliez pas que Watermelon Man était fait par un studio. A ce moment là, il n’y avait pas vraiment de films indépendants. Et bien moi j’ai fait un film indépendant, comme ça... J’ai dit à tout le monde : bon écoutez je vais faire un petit film porno, da da da da da... Et ils ont été assez stupide pour marcher dans la combine mais ça n’était pas mon idée du tout.


M.O. + F.B. - Dans le film de votre fils, Baadasssss, consacré au tournage de Sweet Sweetback’s Baadasssss Song, on voit bien comment il a été laborieux de mettre en place ce long métrage. Vous avez renoncé à tout, mis votre santé en danger, c’était comme un accouchement ce film...

M.V.P. - Oui oui, c’est exactement comme ça que ça c’est passé.


M.O. + F.B. - A l’époque vous aviez même sorti un livre et un disque pour lancer le film ?

M.V.P. - Oui, enfin ça ne s’est pas fait exactement comme cela. Il y a quelques années la musique d’un film sortait beaucoup plus tard que le film. Par ce que je n’ai pas eu le fric j’ai écrit un tube qui devait faire la publicité pour le film. Maintenant tout le monde fait comme ça, mais avant personne ne le faisait... La musique d’un film ne faisait pas partie de la publicité, j’ai inventé ça.


M.O. + F.B. - Concernant ce tube il y a une anecdote assez incroyable, vous faites jouez la musique par un groupe à l’époque complètement inconnu : Earth Wind & Fire...

M.V.P. - Mais je suis un génie moi qu’est ce que tu veux ! ... (rires)

SWEET SWEETBACK'S BADASSSSS SONG

M.O. + F.B. - Ce qui est étonnant chez vous c’est votre capacité à toujours rebondir, à trouver sans cesse de nouvelles idées...

M.V.P. - Mais il faut se creuser la tête, c’est comme ça tout le temps, il faut avoir de l’imagination, trouver des trucs que les gens n’ont jamais pensé à faire...


M.O. + F.B. - Comme par exemple écrire Bold Money, un livre qui explique comment investir en bourse quand on est noir ?

M.V.P. - Oui, à ce moment-là j’étais le seul trader noir à la bourse, mais j’ai l’habitude de ça...


M.O. + F.B.
- Et donc vous arrivez comme cela à passer de l’univers du cinéma à celui de Wall Street ?

M.V.P. - J’avais fait un pari avec quelqu’un : tu peux faire ça ? Et je lui ai dit oui je vais le faire ! ... A Wall Street tu fais une fortune...


M.O. + F.B. - Mais alors sur cette période-là vous avez arrêté le cinéma ?

M.V.P. - Non, je continuais tout ça en même temps. Je faisais des pièces de théâtre, la bourse pendant la journée et le théâtre le soir.


M.O. + F.B. - A Wall Street vous étiez perçu comment ? On se méfiait de vous ?

M.V.P. - Non non, parce que je me faisais passer pour un type pas intelligent, qui n’y comprend rien. A Wall Street il y a beaucoup de minorités qui travaillent au dernier niveau. Ils ne mettent jamais personne à ce niveau-là. Moi je me suis mis avec tous ces gens-là et ils m’adoraient, c’est eux qui ont commencé à me protéger. Au début je faisais des erreurs mais si ils me voyaient en train d’en faire une ils ne me laissaient pas continuer.

MELVIN VAN PEEBLES

M.O. + F.B. - Pour en revenir à Sweet Sweetback’s Baadasssss Song, son succès a engendré une grosse vague de films par derrière. Ce qu’on appelle aujourd’hui de la Blaxploitation, quel regard portez-vous là dessus ?

M.V.P. - Les studios étaient coincés, ils voulaient toucher le fric mais ils ne voulaient pas faire la glorification des gens de couleur donc ils ont inventé la Blaxploitation. Si tu remarques bien, Shaft et tous les autres, ils ont un patron blanc. Ils peuvent frimer un tout petit peu mais Cleopatra Jones et tout ça, le boss c’est un blanc donc derrière l’idée c’est toujours il faut écouter papa...


M.O. + F.B. - Il y a quelques années vous avez fait un documentaire sur le sujet, Classified X, c’est un travail de commande ou vous vouliez rétablir certaines vérités ?

M.V.P. - J’ai fait ça avec Les Films D’Ici. J’ai écrit ce documentaire mais c’est exactement comme ça que ça c’est passé... Ils m’ont dit : Melvin pourquoi est ce qu’on ne trouve pas d’autre argent que le tiens chez les américains ? A la fin on en a trouvé chez les anglais mais si on avait fait ça avec les américains, ils nous auraient demandé de monter un peu de Bamboula et dadada... Je ne voulais pas faire ça. Ca aurait été plus facile si j’avais pris le fric chez eux mais à ce moment-là on aurait noyé le poisson. Là j’ai pu faire ça exactement comme je le voulais...


M.O. + F.B. - Cette vague de films Blaxploitation d’un autre côté ça a quand même donné des emplois aux minorités, non ?

M.V.P. - Donné de l’emploi et ça a aussi donné beaucoup de chances aux gens d’apprendre vraiment le métier, donc il y a une partie mauvaise et une partie très bonne aussi...


M.O. + F.B. - Plus de trente ans après ces films reviennent à la mode, aujourd’hui est ce que l’on peut porter sur eux un regard différent ?

M.V.P. - Moi vraiment là dessus je ne peux rien dire. Moi je fais ma petite salade, eux ils peuvent se faire foutre…

 

M.O. + F.B. - Les films que vous avez tourné après Sweet Sweetback’s Baadasssss Song, c’était plus dans un but de vous amuser ou pour explorer de nouveaux genres, comme la comédie musicale par exemple ? Y avait-il toujours derrière cette même volonté politique de dénoncer quelque chose ?

M.V.P. - Il peut y avoir la volonté mais aussi il y a la façon de le faire... Une fois que j’ai fait Sweetback, les deux seules salles à travers les Etats Unis en accord pour projeter le film ont commencé à faire beaucoup de fric et à ce moment-là tout le monde a pris le film... Mais ils ne m’ont pas pardonné. Après je ne pouvais plus trouver de fric... Si un blanc avait fait le même boulot en rapportant autant de fric, il aurait pu travailler avec les studios, mais personne ne voulait travailler avec moi. C’est là que j’ai décidé d’aller vers le théâtre, et j’y ai fait la même chose que j’avais fait avec le cinéma. Je l’ai fait moi-même, ça a fait un grand boum et c’est à ce moment là qu’on a eu des pièces de théâtre noires sur Broadway. Mais entre-temps il y a encore eu des portes fermées... Depuis le succès de Sweetback je n’ai jamais eu d’offre de boulot. Les gens parlent, gna gna gna gna gna, mais après...

DON'T PLAY US CHEAP

M.O. + F.B. - Donc par exemple le film Le Conte du Ventre Plein que vous avez tourné il y a quelques années c’est également un film indépendant...

M.V.P. - C’est un film français... C’est un film français indépendant, oui. C’est un film avec l’argent français, pas américain.


M.O. + F.B. - Donc c’est plus facile de venir faire vos films en France ?

M.V.P. - Quoi facile ? Moi, mes moyens, je n’ai pas besoins de grand chose... L’argent, je n’ai pas besoin d’argent... Les nanas m’adorent alors... (rires) Donc je n’ai pas besoin de fric...


M.O. + F.B. - Dans Le Conte Du Ventre Plein il y a cette actrice Meiji U’ Tumsi qui a réalisé par la suite des courts métrages. C’est un peu l’arrivée d’une nouvelle génération ?

M.V.P. - Ah ! Elle elle est formidable !


M.O. + F.B. - Est ce qu’il y a des gens comme ça que vous soutenez dans leurs démarches ?

M.V.P. - Quelque fois quelqu’un arrive, je le trouve intéressant et je lui dit que c’est bien de le faire... Je lui donne la technique et l’espoir que c’est possible... Mon fils Mario, il fait des films...


M.O. + F.B.
- Depuis les années 70 vous pensez que la situation a beaucoup évolué ? Il y a encore du chemin à faire ?

M.V.P. - Oh oh oh ! Ben dis, il y a du chemin à faire presque partout dans le monde... Mais ça c’est la nature de l’humanité...


M.O. + F.B. - Oui mais aujourd’hui les noirs sont mieux représentés dans les films américains que dans les films français non ?

M.V.P. - Y a des noirs dans les films français ? Si je vois un film français je pense que c’est un film de Woody Allen, sauf que si tu vois un film de Woody Allen maintenant il met deux ou trois noirs, mais avant c’était que des blancs...


M.O. + F.B. - Vous avez des projets en cours actuellement ?

M.V.P. - Oui j’ai un projet très intéressant pour l’instant, je suis en train de faire un opéra, Sweetback en opéra. Et puis j’ai un autre projet... Elle a des... Oh on ne peut pas parler de celui-là par ce que son mari peut être il va le lire ou écouter, donc je ne peux rien dire, c’est un projet guili-guili (rires)...

SWEET SWEETBACK'S BADASSSSS SONG